mercredi 28 mars 2012

Comment va Michel ?


Michel va bien, merci.


Il n'a pas encore été englouti par les sables mouvants.
Il lève le nez pour étudier la carte du ciel et compter les mouettes comme d'autres comptent les vaches le nez collé à une vitre de train.


Rondeur des jours par ici, et jeu de cache-cache avec le soleil. Allez, on enlève les chaussures...


Drôle de sensation, le sol est tantôt dur voire rugueux, tantôt mou et gourmand. Un mouvement et l'on s'enfonce, happé par...



Mieux vaut ne pas savoir qui se cache là-dessous. Ne pas demander à l'auteur en moi. Michel, qu'en penses-tu ?
- C'est LUI !
Lui, le D.
Une petite pensée pour tous ces pèlerins qui affrontaient l'ensablement pour se rendre à l'abbaye du Mont.


Une pensée pour leurs pieds décongelés par les flammes des immenses cheminées présentes dans la Merveille.
Tout de même, quelle folie de construire un tel ensemble monastique sur l'eau ! Michel voulait-il littéralement marcher sur l'eau, sur les pas d'un autre ?
Et voilà qu'on se surprend nous aussi à avancer sur ces terres englouties, ces terres gloutonnes, ça fait splotch splotch et ne laisse pas de traces, ou si peu.


Les pèlerins du jour sont de nature touristique, qui avec une canette de bière, qui avec un cheval, qui avec un pantalon roulé jusqu'aux mollets, le but est le même : ne pas sombrer, ne pas disparaître.


Et c'est là que tout prend sens, que les idées s'éclaircissent ou se confirment.
De retour du Mont-St-Michel, je reprends le brouillon de "L'assassin du calendrier", un projet sur lequel je travaille depuis un an maintenant. Pour point de départ, les Très riches heures du duc de Berry et la collection "Pont des arts" (chez Elan vert), dans laquelle j'ai déjà publié un livre sur les Ménines de Vélasquez, Moi, princesse Marguerite. Imaginer une histoire qui oblige le lecteur-spectateur à regarder l'oeuvre de manière différente. Dans le cas des riches heures, j'ai choisi d'écrire un polar.


Le décor du Mont-St-Michel n'est certes pas le même que celui du livre d'heures des frères de Limbourg (comme le montre le mois de mars publié ci-dessus), mais l'ambiance rejoint celle de mon texte - une bataille entre le bien et le mal, les interrogations du Moyen Âge, Dieu et le Diable, la société moyenâgeuse, les positions des chevaliers, des moines, des paysans, la dureté de la vie, son côté "fataliste"...

Une histoire d'âmes.

Sables mouvants, Sables émouvants, pour reprendre le titre d'un très bel album de Thomas Scotto et Eric Battut.
L'histoire d'un petit garçon assis dans le désert et qui pense à son papa parti pour un long voyage. Perte, tristesse, mais âme et hommage aussi, à un petit prince que nous connaissons tous.


Le petit Prince a-t-il foulé les sables avec Michel ? Et si les sables l'avaient avalé, quelle forme auraient-ils pris ? Qu'aurais-tu dessiné, Michel ?


- Un boa prince. Dis, il va s'en sortir, cet enfant de Saint-Exupéry ?
Michel, tu t'inquiètes pour rien, le petit malin a fait pousser un babao pour remonter des entrailles de la Terre et grimper jusqu'aux étoiles afin d'éteindre les réverbères à temps.
- Ah !



Mais je m'égare. J'ai peut-être oublié l'ombre de mon âme dans le sable. Par chance, il fait soleil aujourd'hui aussi, et mon ombre pourra rentrer à Morteaux-Couliboeuf sans être balayée par la pluie et le ciel gris.

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