dimanche 26 février 2012

Promenade instructive, suite

En Normandie, il y a la mer, aussi.
Si. Je l'ai vue. J'ai cru en voir une, en tout cas.
Elle faisait échouer ses vagues sur la plage de Luc-sur-Mer.
Luc marche-t-il sur la mer ou au bord de la mer ?
Une chose est sûre : à Luc-sur-Mer, il y a une plage.
Et au bord de la plage, il y a une promenade au bord d'une mer.

Au bord de la mer, il y a des cabanes fermées.


Au bord de la mer, il y a des portes à hublots et dedans...
des secrets.


Au bord de la mer, il y a la maison des 4 As partis sauver le monde à coups de poker.


Au bord de la mer, il y a la maison de Barbiche la Baleine,
close pour bal privé.


Au bord de la mer, il y a Belle sans Clochard.


Au bord de la mer, il y a des tracteurs comme à la campagne.


Au bord de la mer, enfin, il y a une cabine ouverte.


Un café, un sourire, quelques mots échangés.
Et le ronron du petit chat bleu qui fait le dos rond, le dos tourné.
Tout tourne rond.

Aux dernières nouvelles, Luc a gagné au poker. Plein aux as, il a mis ses habits du dimanche pour se rendre au bal, où il a rencontré une Belle. Il lui a montré ce qui se cache derrière les hublots, puis l'a emportée sur son joli tracteur, ailleurs.
A la pêche aux gazelles, peut-être, dans un pré vert ?
Une belle journée, vraiment.

samedi 25 février 2012

Promenade instructive

Il a fait beau avant-hier.
Très beau.
Un émerveillement constant pour le promeneur éveillé.
Ooooooh ! Oh ! Une vache !


Oh ! Des dalmatiennes !


Oh ! Des poules, ça c'est des poules !


Oh ! Un zèbre !


Oh ! Des potades !


Oh ! Un pinval !


Oh !


C'est beau, la campagne sous les yeux évermeillés d'une citadine.
Alors, imagine quand il y en a deux qui se promènent dans la nature...
Ah ! Des tags ! cette fois j'en suis sûre, c'est des tags.


Tu vois que de temps à autre, je nomme les choses correctement.
Oh ! Des Genevièves ! (je sais, là, c'était facile, c'était écrit)


Et là : un Michel !


Trêve de plaisanterie, ici, par exemple, ce sont des messages indiens.


Ou non ?

Oui, je sais...

Je n'ai rien écrit cette semaine. Enfin, rien écrit sur mon blog, hé ! hé !
Je tiens à préciser que je ne suis pas responsable de ce silence inadmissible.
C'est parce que j'ai accueilli quelqu'un en résidanse, moi qui suis en résidence.
Il y a eu du mouvement à Morteaux-Couliboeuf.
Alors voilà : toutes mes excuses.
Il a fallu que je m'occupe d'une danseuse qui avait la bougeotte.
Il a fallu que je lui coure après...


... et encore après...


... et toujours après...


... et re-après...


... veux-tu rester là, non mais !


... et elle repartait...


... toujours plus loin... toujours plus rouge...


... j'ai dû lancer un avis de recherche...


... je l'ai retrouvée grâce à Patricia à l'IMEC de Caen, imaginez un peu...


... mais qu'est-ce qu'elle fait encore ?


... ah ! pousse-toi un peu...


... que je m'y mette...


... sans flash, nan mais...


Une lecture après (La belle parleuse, d'après Portrait de dame d'Alain Frontier, d'après les paroles de sa compagne Marie-Hélène Dhénin), j'ai ramené mon petit chaperon fissa à la maison et lui ai dit :
- Pas bouger !


Alors, la danseuse cavaleuse s'est (enfin) mise au travail : elle a pris des positions de lecture vraiment intéressantes.


Passionnantes, n'est-ce pas ?


Et là ?


C'est mieux ?


Merci à Nathalie Quoniam, la petite fille du spectacle La petite fille qui marchait sur les lignes, et du futur spectacle "Tout le monde lit" sur lequel nous avons travaillé cette semaine.
Des lectures dansées, pour les enfants sinon rien. Bientôt. On y travaille.
Allez, cours, petit chaperon, cours !

mercredi 15 février 2012

Un tapis par courrier

J'habite donc à la Mairie, puisque mon courrier y arrive.
Respect, hein ! (rires)
Hier, est arrivé un paquet que j'ai vite déchiqueté, suspectant une bombe...
Elle m'a sauté aux yeux.
Tapis tapis vois.


Me voilà renvoyée dix-sept ans en arrière, face à mon premier livre, picotements au coeur, je le palpe, je le retourne, je le caresse, le retourne de nouveau, l'ouvre ? l'ouvre pas ?
Je l'ouvre, feuillette les pages, vérifie qu'elles sont bien imprimées, les couleurs pètent, sourire jusqu'aux oreilles au moins, ça fait toujours le même effet quand je reçois un de mes prochains livres, je redeviens cette gamine à qui l'on offre un cadeau de rêve.
L'étape suivante est peut-être la plus angoissante : je me coupe du monde, coupe le son, s'il y des gens autour de moi je m'enferme dans une chambre, pas besoin de ça ici, il n'y a personne mis à part moi, ou moi et le livre, je m'assieds confortablement et ouvre de nouveau l'objet tant attendu. Pour le lire.
Le relire, me corrigerez-vous, puisque je l'ai écrit.
Oui mais non. Quand le manuscrit est devenu un livre, il n'est plus le même.
Tapis tapis lis.


Je lis donc ce nouveau texte dans son nouvel environnement (les illustrations, que j'ai déjà vues sur écran, en tout petit et pas forcément en haute définition), et me laisse porter. J'aime ? J'aime pas ? Il est rare que la deuxième option soit retenue. En revanche, dans la première, il y a des nuances.
Pas mal, oui, bien, beaucoup, là vraiment, celui-ci va devenir un de mes préférés, celui-là possède un quelque chose qui fait la différence, etc.
Tapis tapis choix.


C'est un texte ritournelle, un texte promenade sur un tapis vivant (pas volant), animé par les excellentes soeurs Anna & Elena Balbusso.
Je livre la première double page et des détails du jardin des délices et des lys avec sa panthère bleue ; du prince prisonnier d'un sombre pays aussi.


Tapis tapis fin.
Je referme l'album.
Mon imaginaire est le leur. Je parle des soeurs italiennes.
Notre imaginaire sera le vôtre ou... Allez ! je te dis tu.
Tapis tapis tien.


Il va falloir attendre un peu moins d'un mois.
J'en reparlerai alors, en montrerai davantage.
Petit coup de fil à mon éditeur :
- Je viens de recevoir mon tapis, j'adore !
Promis, je ne le piétinerai pas.
Je le dépose sur la commode, dans mon bureau, pour pouvoir le regarder d'un simple mouvement de tête.
Tapis tapis là.


Tapis tapis moi, illustré par A. & E. Balbusso, sortie le 7 mars chez Sarbacane.

dimanche 12 février 2012

Séance de rattrapage...

... en écoutant l'album Moffou de Salif Keita.
Chaleur de la voix, blancheur du ciel.
Les jours passent si vite. Des dates sont fixées, le planning se complète peu à peu. Des rencontres en perspective, des lectures, musicales, dansées, partagées.
Il est vrai que la résidence en pays de Falaise impliquait un lien avec la danse, ce qui m'a tout de suite séduit.


En réponse à un message laissé par un Indien lecteur du blog, je vous reparle de Marie Nimier et de son recueil de nouvelles intitulé Vous dansez ? qui retrace le parcours de cinq danseurs, leur vécu, leurs plaisirs, leurs peurs (audition, vieillissement, etc.), leurs pensées pendant que le corps est en mouvement. Que se passe-t-il dans la tête du danseur lorsqu'il danse ?
Dominique Boivin, chorégraphe de la compagnie "Beau geste", en a fait un spectacle.


A quoi tu penses ?
Je pense que parmi tous les spectacles de danse que j'ai vus ces dernières années, celui-ci fait partie de mes préférés.
Dissocier le mouvement de la parole. Trouver un langage propre au corps. Comme dans un album pour enfants, la danse (l'illustration) ne doit pas répéter ce qui est dit dans le texte.


Je repense à cette danseuse qui ne peut plus s'arrêter (la dernière saynète, particulièrement touchante, voir photo de Jean-Louis Fernandez ci-dessus).
Le mouvement, pour elle, est la seule chance de rester en vie. Pas faux. Et pourtant si tragique quand on la voit s'épuiser, ne jamais achever de.
Encore.
Et encore.
Jusqu'au noir complet dans la salle.
Le spectacle se termine par une rencontre, les interprètes répondent sur le vif à la même question : à quoi tu penses ? Quel ressenti pendant ce spectacle précisément ?

Il neige.
Une autre danse, qui jamais ne se fatigue.
A quoi tu penses ?
Je pense à cette résidence sous la neige en écoutant des chants du Mali.
Sang froid, coeur chaud.
A quoi je pense quand j'écris ?
Mes doigts dansent sur le clavier, tentent de suivre cette pensée qui avance dans ma tête, qui se construit, qui chuchote, qui crie, qui a la voix de tel ou tel personnage, laisser les perles s'enfiler. La couleur de sa voix, la rendre par des mots. Trouver les mots justes.


Contrastée ?


Loup noir, d'Antoine Guillopé.

mardi 7 février 2012

Fenêtre sur neige

- Dis, quand est-ce qu'on commence ?
Cela aurait pu être la rengaine de la semaine.
J'y vais ? J'y vais pas ?
Avec la neige et le froid, les classes étaient bien vides hier matin. Madame et Monsieur Météo annoncent des températures en baisse et des chutes de neige et de fesses sur la glace pour les prochains jours. Pas de quoi faire sourire un bus !
- On reste à la maison.
Les ateliers d'écriture sont repoussés.
Rendez-vous la semaine de la rentrée.
- On a bien fait ?

Attends, que je jette un coup d'oeil.
Et voilà, ce matin ça gèle à travers la fenêtre.


Ce midi, ça chauffe soleil à travers la fenêtre.


On aurait peut-être pu... dû... si on avait su...
Et ce soir ? On s'en fiche, y'a pas école le soir.
Mais je peux quand même regarder par la fenêtre.
Si tu insistes.
A l'heure du thé ça ne réchauffe pas la fenêtre.


Et plus tard ça va se coucher rosé à la fenêtre.


Et cette nuit ? Non, là, tu exagères.
La nuit restera là, derrière la fenêtre. Dans le noir.