samedi 4 février 2012

Vendredi c'est bibliothèque, pas spaghetti

J'ai menti, je n'ai pas deux maisons, mais trois.
La bibliothèque de Falaise est ma troisième demeure. J'y passe du temps, je voyage dans les rayonnages, je discute avec les uns et les autres, je lis le journal. Je me projette dans des événements in situ.
Des lectures déambulatoires, des lectures dansées. Des lectures chuchotées.
Il va falloir.
Du travail. De l'écriture. Choisir les textes à lire. Où les lire. A qui. Comment.
M'y revoilà. Dans le sujet.





Ne pas être hors sujet.
Ou bien sujet, simplement, avec tout ce que cela implique.
Rendre compte de l'objet livre, par le sujet. Moi.

Aller voir ailleurs comment se passe une résidence.
A Lisieux, Eric Louviot, directeur artistique du Tanit théâtre, a invité quatre auteurs de théâtre en résidence. Chaque auteur est allé à la rencontre des habitants d'un village. Chacun avec un thème précis, une contrainte d'écriture.
Un sujet.
Accueillis ici et là, ils ont parlé de tout et de rien, j'imagine. De parcours intimes aussi, qui surgissent au détour d'une conversation anodine.
Puis les quatre auteurs sont rentrés chez eux. Revenus. Repartis. Revenus. Repartis.
Entre deux "résidences", ils écrivaient. Ou peut-être n'écrivaient-ils pas, se nourrissant encore des notes prises, des impressions ressenties lors des entretiens.
Pression du rendu. Il faut écrire une pièce de théâtre !
Qui sera montée, jouée, montrée.
Un défi.
Ma résidence est toute autre.
Je suis libre, si je veux, de ne rien faire, ne rien écrire.
Impossible.

Le soir venu, la représentation au Tanit théâtre d'une des pièces écrites laisse transparaître plusieurs parcours, plusieurs entretiens.
Il s'agit de La ville suspendue, de Bruno Allain, mise en scène de Marie-Laure Spéri.

ELLE : - Page vierge, immaculée, au petit matin, le brouillard, la prairie en cheveux blancs, les vaches qui fument, le bois à Janu effacé d’un coup de craie, au petit matin comme ça, que ça attend encore le lever définitif du jour, j’aime.
J’aimais.

Le regard se pose sur un couple qui pique-nique toujours à la même date sur la tombe du fils disparu.
"C'est l'moment !"...
Elle, n'arrive pas à le laisser partir. Lui, finalement, partira à vélo faire le tour d'un monde qui s'essouffle.
Un bel hommage à ceux qui sont orphelins de leur enfant.
Un texte qui, par une écriture vive et morcelée, rend très contemporain un langage oral normand qui "oublie" certains mots. Tout particulièrement, certains sujets.

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